Depuis 1973, Claude Rutault n’obéit qu’à une règle : « Une toile peinte de la même couleur que le mur sur lequel elle est accrochée ». Le tableau ne se distingue plus du mur sur lequel il est posé mais au contraire il se fond en lui jusqu’à ne faire qu’un. Etant donné que la couleur de la toile change si la couleur du mur change, le tableau n’a pas d’identité propre mais se renouvelle sans cesse et dure dans le temps. L’artiste délègue la réalisation de l’oeuvre en donnant des consignes qu’il nomme « définitions/méthodes » à celui qui expose ses oeuvre et celui-ci doit impérativement les respecter. Claude Rutault n’est alors seulement que « l’auteur » de l’oeuvre.
Pour l’oeuvre “Un samedi matin à la grande jatte ou à port-enbessin” voici la définition/méthode 226 :
« Prenant comme référence le tableau de Seurat “Un dimanche après-midi à la grande jatte” 1884-1886, réalisation d’un cadre autour de l’œuvre absente, cadre qui pourrait encadrer la peinture si elle passait par là.
La forme de ce cadre est obtenue à partir de petites toiles rectangulaires, carrées, rondes et ovales. les formats sont variés.
L’ordre des toiles peut être modifié d’une actualisation à l’autre.
Toutes les toiles sont peintes de la même couleur que le mur sur lequel elles sont accrochées.
Le cadre comporte un certain nombre de manques facilitant la circulation du regard de l’intérieur vers l’extérieur et retour. »
Il s’agit d’un mur peint de couleur bleue sur lequel est accroché 24 petites toiles de différentes tailles et plus ou moins espacées les unes des autres. Celles-ci sont peintes de la même couleur que le mur. L’ensemble constitue une oeuvre monochrome. En regardant bien, on voit que les toiles forment un cadre sur le mur et crééent donc une mise en abîme.
Pour en savoir plus sur l’artiste et son travail
Un samedi matin à la grande jatte ou à port-enbessin, Claude Rutault, 2010
Histoire de l'Art 